Pour une théorie de la monnaie et de la finance

Entre 2005 et 2010, Massimo Amato et Luca Fantacci, professeurs d’histoire économique à l’Université Bocconi de Milan, ont publié quatre volumes qui composent une intéressante et très originale quadrilogie historico-théorique consacrée à la monnaie et à ses impasses actuelles.

La moneta : storia di un’istituzione mancata [La monnaie : histoire d’une institution manquée], de Fantacci, propose une reconstruction historique visée à montrer l’articulation entre les différentes fonctions (unité de compte, moyen des échanges et réserve de valeur) de la monnaie s’incorporant dans une pluralité de monnaies différentes jusqu’au xviiie siècle. Le radici di una fede [Les racines d’une foi], d’Amato, parcourt brillamment la genèse et le développement progressif des marchés financiers en analysant le rapport fiduciaire à la base de l’histoire duGold Standard, institué à partir de la fin du xviie siècle. Fine della finanza. [Fin de la finance], d’Amato et de Fantacci, en jouant sur la double signification du mot « fin » (la fin de la finance consiste à mettre fin à la relation dette/créance), offre un excellent diagnostic critique de la crise économique actuelle, due, selon les auteurs, à une marchandisation pluriséculaire et indiscriminée du crédit et de la monnaie. Enfin, L’enigma della moneta [L’énigme de la monnaie], d’Amato, couronne cet effort théorique de déconstruction et reconstruction des assises institutionnelles de la monnaie en élaborant une conception originale de la nature de cet objet si mystérieux et ambigu. Nos deux auteurs parviennent ainsi, grâce à une érudition impressionnante, et dans chaque ouvrage à partir d’une perspective particulière, à intégrer et articuler ces thématiques très différentes de manière fort convaincante. Continua a leggere su Terrains/Théories